Dans le tiroir, celui qui reste difficile à ouvrir, se trouve la réserve de tous les beaux papiers, ceux que l’on nomme « papiers-cadeaux ». Nichés là, empilés avec soin depuis l’an dernier, les papiers de Noël se laissent choisir.
La maitresse avait dit : « dès la première neige – en ce temps-là, elle tombait tôt et restait longtemps – on commence les préparatifs ! » Avant d’avoir ouvert les yeux et les volets, on sait qu’elle est tombée cette nuit, par les bruits feutrés de la vie au dehors. Avec elle, c’est la perspective de fête, unique, qui nous ré- jouit le corps et le cœur tout ensemble. Vite, choisir les papiers pour les motifs et les couleurs : des rouges, des verts et ce doré surtout !
De la main aplatir les angles. Aidé du fer à repasser, on donne un coup « tout au travers ». Nos trésors sont emportés sur la grande table de la salle à manger de notre maitresse. Avec délicatesse et sans réussir du premier geste, nous disposons, dans des cartons dégottés par elle, les gourmandises maisons données par les parents.
Nous proposons des idées : petites branches de sapin, boules de Noël, étoiles découpées par nos soins auxquelles s’ajoutent du papier de soie froissée en boule pour caler dans les coins. Moment délicat : c’est le tour du beau papier, bien maintenu par une ficelle assortie.
Un carton si banal devient une Fête. Le cœur aussi grand que ses mains habiles, madame Bourque nous emmènent tous pour la distribution, nous ne sommes pas prêts d’oublier sa voix qui nous guide. Encore une fois, les « tout-seuls » ne le seront plus, et encore une fois nous chantons : « Entre le bœuf et l’âne gris … »
Michelle Rollet / Parenthèse n°9 (Décembre-Janvier-Février 2012/2013)